ANIS - Catalyst

Acteurs de l’Innovation Numérique et Sociale en Communs en Région Hauts-de-France

Accueil » Manifeste de recherche contributive

Manifeste de recherche contributive

Parler de recherche contributive veut dire au moins trois choses.

Tout d’abord, la recherche est affaire de diversité et de pluralité des points de vue de ceux qui s’y engagent. Elle suppose apports et confrontations de savoirs, ceux déjà formalisés de chercheur·e·s, à différents niveaux d’exercice de travaux spécifiquement de recherche, et ceux, ensemble de connaissances et représentations de l’action, portés par les personnes qui s’engagent dans les processus d’action réflexive.

Ensuite une recherche contributive ne peut pas être la simple juxtaposition de ces savoirs, dans un enchaînement de processus de recherche qui reproduirait la division du travail intellectuel entre ceux qui recueillent les données et formalisent les savoirs d’expérience en connaissances et ceux qui ne feraient que livrer leurs expériences. S’opposant à cela, une recherche contributive nécessite un cadre collectif pluriel et coopératif qui met en commun constructions problématisées d’observations, hypothèses, méthodes de traitement et élaboration formalisée des résultats.

Enfin, il ne saurait y avoir recherche contributive si les processus de valorisation économique du travail de recherche ne sont pas explicités en tant que tels. Nous nous situons de ce point de vue dans une autre démarche que celle qui consiste à envisager la recherche comme une production de personnes exclusivement dédiées et financées pour cela. Nous mettons en avant un mode de recherche qui s’appuie sur les communs de la connaissance, enrichit ces communs, et vit de la contribution de ceux qui y participent.

Aucun de ces trois points n’est évident.

Garantir la pluralité des points de vue exige d’abord que soient créées les conditions pour que ces points de vue soient existants et mobilisables. Il faut pour cela que les acteur·e·s de la recherche, dans la diversité de leur position sociale, de leurs expériences et de leurs niveaux d’expertises, soient conscient·e·s d’en être les porteurs, qu’ils soient connu·e·s et reconnu·e·s comme contribuant au travail de recherche. Les démarches de recherche pourront alors privilégier les méthodes dialogiques et la maïeutique.

Se donner un cadre collectif de recherche signifie concilier des choix précis et argumentés d’orientation problématique avec une formalisation souple, dans une confrontation régulée des idées. Mais c’est aussi « faire expérience ensemble » en même temps qu’organiser la réflexivité de l’action par une prise de distance critique, détour théorique et comparaison raisonnée. La question de l’élaboration, mais aussi du partage et de la protection des données, sera déterminante dans ce contexte de recherche. Il sera important de garantir l’élaboration commune des résultats, leur formalisation sous différents formats (carte/schéma/photo/vidéo/performance…) et leur diffusion, sans retomber pour ces étapes au format exacerbé de la division intellectuelle du travail de recherche.

Faire vivre de tels processus de recherche nécessite un équilibre économique et une autonomie vis-à-vis de ceux qui y contribuent. Cet équilibre ne peut résulter que de la diversité des contributions relevant de différents modes de financement.